Un nouveau venu rejoint la famille des policiers-auteurs. Christophe Guillaumot appartient à la section courses et jeux de la police, moins habituée aux lumières de la fiction criminelle. Cet univers n’offre pas de nouveauté majeure : un truand est un truand, accrocs au jeu ou à la came les victimes se rangent dans la catégorie droguées, et le maître mot reste l’argent.
L’écriture mériterait quelques allègements, et l’histoire ne sort pas du cadre d’une classique enquête de police. Mais quelques atouts retiennent l’attention, dont les personnages, même si l’on perçoit un peu trop les caractéristiques utilisées pour les rendre attachants. Renato porte son physique de géant, ses expressions et son côté exotique, Six a tout du flic qui souffre, et les collègues qu’ils trouvent en chemin – le magicien et le mathématicien – donnent au quatuor un air sympathique de club des Cinq. Sans le chien. Quoi que…
Leur vie personnelle alterne avec le boulot et leur rivalité avec les Stups (dans le rôle des pourris), une enquête dans le monde des paris, où d’autres figures archétypales dominent (le mafieux italien et la femme fatale asiatique). L’utilisation d’un centre de tri des déchets comme décor apporte une touche d’originalité, avec la jeune May en employée le jour et graffeuse sur son temps libre. Le temps de la vraie vie.
Après Chasses à l’homme (Fayard, 2008), et Abattez les grands arbres (Cairn, 2015), La chance du perdant est la deuxième enquête du flic Kanak Renato et voit l’arrivée de l’auteur chez Liana Levi.
Caroline de Benedetti
Christophe Guillaumot, La Chance du perdant, Liana Levi, 2017, 19 €, 360 p.