« Si ce livre est basé sur « l’affaire Fourniret », s’il suit au plus près les faits tels qu’ils ont été révélé lors du procès, cet ouvrage est avant tout une œuvre de fiction. »
Malgré un mécanisme de narration assez répétitif dans ses effets et un personnage de policier classique qui n’échappe pas à quelques clichés du genre (vie de famille difficile, alcool, sciatique, cholestérol, discours sur la police en tant que dernier rempart…) le livre d’Harold Cobert retient l’attention. Est-ce parce que le lecteur sait que la trame est tirée d’un fait divers ? Est-ce pour cette facilité que l’on a, au chaud dans son canapé, à s’indigner alors que se déroule la macabre série de viols et de meurtres ? Est-ce le côté voyeur qui nous fait entrer dans l’intimité du couple Fourniret et qui par la même occasion nous fait penser que nous ne somme pas si affreux ? Est-ce pour la tentative d’Harold Cobert de pénétrer dans la pensée de Monique Fourniret ?
La mésange et l’ogresse est une histoire assez habituelle du genre, basée sur un « couple maudit ». Son attrait fonctionne en grande partie sur le côté « histoire vraie ». Nous avons alors l’impression d’en apprendre plus sur le monde qui nous entoure. Mais une pièce de Shakespeare ou une chanson de Bob Dylan nous en disent tout autant. La question qui demeure est : si ce roman n’était pas issu d’un fait divers, est-ce qu’il fonctionnerait ? Cette histoire ne serait-elle pas un peu longue et répétitive ? Oui elle est un peu longue « l’affaire Fourniret », et répétitive (notamment dans la description de l’enlèvement des jeunes filles). Et si elle manque un peu de muscle et de chair, elle a pour elle un avantage : l’écrivain nous épargne le côté glamour et romantique (un des poncifs du genre) du couple de criminels.
Emeric Cloche
Harod Cobert, La mésange et l’ogresse, Plon, 2016, 415 pages, 8,10 Euros.