Victor Pouchet débarque dans la rentrée littéraire avec un premier roman assez remarqué. Il faut dire qu’il a une écriture, une façon de toucher juste dans les sensations, le contraste des mots, le regard sur les choses.
Pourquoi les oiseaux meurent est une histoire à la fois intime et ouverte sur le monde. L’auteur cherche tour à tour les raisons aux pluies d’oiseaux morts qui se multiplient, et se regarde le nombril. Embarqué pour une croisière-enquête, il dérive dans sa recherche et ses pensées, livrant tour à tour son histoire familiale, ses incertitudes, le lien avec son père, son ancêtre biologiste et la religion, la Chine, l’enfance, Hitchcock et une amourette à la fois douce et douloureuse – comme il se doit dans ce genre d’histoire… Cette quête de soi atteint par moments la limite de l’ennui tant elle sent les considérations personnelles. Plus intéressant est le regard inquiet et interrogateur porté sur la mort de ces oiseaux, ce qu’elle dit de nous et que l’on peut envisager comme le signe d’un monde qui devient fou.
« J’avais le mal de mer et d’autres terres à parcourir. Je lui laissais volontiers l’aventure marine. Lorsqu’Ulysse reviendra grimé en vieux mendiant, il fera semblant de nous reconnaître, bandera son arc et éliminera ses concurrents. Pénélope sera peut-être déjà morte si elle a échappé à l’asile, et Télémaque aura abandonné Ithaque pour des cités plus grisantes. Les autres s’en foutront. De nos jours, personne n’attendrait Ulysse de toute façon, on n’a plus la patience. »
Caroline de Benedetti
Victor Pouchet, Pourquoi les oiseaux meurent, 2017, 184 p., 16, 50 €