Mindhunter, série diffusée sur Netflix depuis Octobre 2017 a été créée par Joe Penhall. Elle est produite par David Fincher et Charlize Theron, une deuxième saison est en cours de production. Si le sujet est ici traité de manière moins sensationnel que dans le plupart des oeuvres ayant trait aux Serial Killer, la série est plutôt agaçante, dommage… il y avait une carte à jouer.
Dès les premiers épisodes la série s’inscrit dans un certain classicisme. La reconstitution historique très propre (qui fait même carton pâte lors de l’arrivée de Ford à l’université au son des tambourins d’Hari Krishna) et les images léchées, colorées comme il se doit, font penser au film Zodiac en plus marqué. Les ressorts scénaristiques habituels sont là : deux flics (Holden Ford et Bill Trench), un jeune et un vieux. Leur duo permet de confronter deux visions du monde dans les Etats-Unis de 1977, l’été du fils de Sam (à ce sujet on pourra (re)voir Summer of Sam le film de Spike Lee réalisé en 1999).
Plusieurs thématiques sont abordées : l’individu contre l’institution (le FBI qui a du mal à changer ses méthodes), l’ancien monde (où les criminels étaient compréhensibles) et le nouveau monde (où ils deviennent incompréhensibles et donc plus dangereux). Cette dualité rappelle Cormac McCarthy, notamment avec No country for old men. Quelques questions psychologiques sont évoquées : la question de la responsabilité de la société dans la fabrique des criminels, le rôle de la mère (très freudien) et l’absence du père reviennent souvent dans la construction du serial killer ; le sujet du « tueur né » est abordé et mis en parralléle avec le tueur qui a appris.
On notera – comme dans le film Zodiac – l’absence de scène de course poursuite ou de fusillades.
Tout cela est un peu lourd et gros sabots, le duo de policiers semble ne jamais se tromper. C’est avec eux que naît le profiling et le terme serial killer (ces tueurs qu’ils étudient et aident à arrêter). La femme qui travaille beaucoup et qui n’a pas d’enfants est comme par hasard lesbienne. Les personnages secondaires sont monolithiques. Les mimiques d’Holden deviennent insupportables. On a un peu l’impression que les deux flics du FBI inventent l’eau chaude et qu’avant eux personne ne savait mener une enquête ou s’intéresser à la psychologie des suspects… Leurs interrogatoires font scandale auprès de leur direction parce que des gros mots y sont prononcés !
La série est adaptée de l’ouvrage Agent spécial du FBI : j’ai traqué des serial killers (éd. du Rocher) de John E. Douglas. Le livre semble avoir été écrit à la gloire de son rédacteur… comme la série ?
Caroline de Benedetti & Emeric Cloche