Tout commence par un combat. On imagine un ring et des boxeurs avant de comprendre que ceux-là se castagnent dans la rue, en bande, avant le début d’un match de foot. Hool, hooligans. Pourtant, le roman parlera peu de football. Il raconte des adolescents à l’aube de leurs choix. Avant les ennuis. La distribution des cartes n’a été facile pour aucun d’entre eux. Le narrateur, Heiko, traîne le poids d’une mère qui s’est fait la malle, d’un père alcoolique et d’une sœur qui tente de reconstruire la famille idéale. Son pote Jojo vit dans le souvenir de son frère Joël, suicidé. Leur socle, leur moment d’évasion et leur fierté, c’est la baston contre les autres villes. « Que plus personne ne puisse parler de Stuttgart, Francfort, Dresde, Magdebourg ou Trifouillis-les-Oies sans parler aussi de Hanovre. » Le club Hanovre 96.
Le roman alterne entre passé et présent, il montre les blessures que chacun porte et comment ils grandissent avec. Heiko plus que tous les autres veut préserver leur groupe et leur amitié. Devenir adulte c’est rompre le pack, lui qui fuit sa famille et échoue en amour. Il lui est insupportable que la normalité s’immisce dans la bande, même quand le pire arrive.
Hool repose sur le rythme des bastons et des souvenirs. Le roman file à toute allure, dur et émouvant. Au cœur de tout, le combat contre les autres, contre les nazillons qui gravitent dans ce milieu, contre la drogue, et contre l’auto-destruction. On imagine Heiko revenir dans de prochaines histoires, accompagné par son nouvel ami chien, un autre éclopé de la vie à l’allure sauvage…
Caroline de Benedetti
Philipp Winkler, Hool, Fleuve Editions, 2018, traduit de l’Allemand par Pierre Malherbet, 19,90 €, 315 p.