C’est l’histoire d’un homme, un survivant que tout le monde pensait noyé au large de l’Afrique. Mais il réapparaît un jour à Londres, à la mort de son fou de père. L’héritage, une petite bande de terre stratégique le long de la côte américaine, est convoité par les américains, le régent anglais et la Compagnie des Indes. Voilà notre héros face à trois puissants ennemis.
C’est sans compter sur la violence de James Delaney. Quand il arrive dans une taverne, on le regarde avec crainte, voire même on s’écrie « le diable est là ! ». Des fois que le spectateur n’ait pas compris à quel point cet homme porte le mal (il le dit, le fronce en sourcils et étripe ses adversaires avec son petit couteau). Autour de lui, quelques truands, un giton enamouré, la jeune veuve de son père, le domestique fidèle, sa demi-soeur et son mari, le fabricant d’explosifs, etc. Tous impliqués dans le projet qu’à Jaaaaaames de faire du commerce à Nootka.
Tom Hardy incarne parfaitement le côté brute épaisse de James Delaney. Il répond souvent à ses interlocuteurs par un simple grognement. C’est un vilain, il envoie valser ses bottes boueuses quand il rentre chez lui. Il agit pour servir son objectif, quitte à utiliser les autres. Un anti-héros, donc, qu’il faut cependant rendre un peu sympathique pour ne pas provoquer un rejet total du spectateur (un petit cœur bat dans la poitrine de James). Les autres personnages sont à l’avenant, mention spéciale à la demi-soeur (Oona Chaplin), plutôt monolithique dans le genre. Les femmes ont d’ailleurs un rôle assez stéréotypé ; seule la jeune veuve incarnée par Jessie Buckley apporte un peu de fraîcheur.
La série bénéficie tout de même de points forts : l’ambiance d’une époque avec ses décors, la ville et la campagne, le port boueux, une rivière brumeuse près de laquelle James récite ses invocations et subit ses visions (il a ramené quelques séquelles, oui). L’image ultra léchée est faite de teintes sombres. Le scénario n’hésite pas à utiliser quelques facilités mais… nous parlions des points forts. Certaines scènes sont marquantes et les enjeux créent de la tension.
Si Taboo ne comporte que 8 épisodes, la série n’aurait rien perdu à en supprimer deux ou trois. Le premier épisode et surtout les eux derniers fonctionnent particulièrement bien ; ils sont plus ramassés que les autres et ne s’embourbent pas dans les longueurs. C’est là un défaut récurrent des séries, qui à force d’étirer le scénario ne vont pas à l’essentiel et répètent le propos ad nauseum.
Vous pourrez aussi lire l’avis de Justine Vaillant.
Caroline de Benedetti & Emeric Cloche
Taboo, par Steven Knight, Tom et Edward Hardy, saison 1, BBC 2017