Nous l’avons vu dans Rambo, First Blood (le premier film de la saga signé Ted Kotcheff), John Rambo est un homme seul et détruit. S’il semble perdu pour lui-même il ne l’est pas pour tout le monde et l’armée américaine va pouvoir le réutiliser pour des missions spéciales.
Rambo II et III sont construits sur le même schéma. On pense d’ailleurs à une autre franchise bien plus vaste, celle de James Bond, qui joue aussi de la répétition de certaines scènes (introduction, refus de la mission, départ pour un autre pays, camouflage et actions, blessure…). Rambo ne pleure plus, Rambo ne parle pas. Tel l’albatros de Baudelaire il est n’est à l’aise que lorsque qu’il fait ce qu’il sait faire le mieux : se battre et tuer.
C’est James Cameron qui – pour des raisons alimentaires selon lui – rédige le scénario de Rambo II. Stallone le révisera entièrement. Cette fois-ci l’histoire ne se passe pas aux USA mais au Viet-Nam. Le Rambo brisé du premier film est toujours là, mais il est noyé dans les muscles et l’action. Cette fois-ci c’est la guerre dans un pays lointain. Rambo peut tuer à tour de bras. Un personnage de guerrière féminine fait son apparition – elle sera remplacée par un enfant dans Rambo III – sans que cela n’apporte beaucoup de chose au film à part le fait qu’à la mort de celle-ci, Rambo redevient une bête de guerre. John Rambo est une machine et ce qui reste de son humanité semble aussi mort que son regard. Ted Kotcheff (le réalisateur du premier Rambo) refuse de tourner un film dans lequel il voit la célébration de la guerre du Viet-Nam. Cosmatos et Stallone s’en chargeront.
Rambo II sortira aux USA en Mai 1985 (cinq mois plus tard en France) et rapportera beaucoup d’argent. Le film est largement perçu comme un outil de propagande reaganienne… Mais c’est passer outre la fin du film ou Rambo mitraille tout un tas d’ordinateurs dans le QG des forces américaines, en y allant de son petit laïus contre l’administration et les politiques américains au pouvoir (on peut d’ailleurs voir un portrait de Reagan dans cette scène) qui mentent au peuple et aux soldats (un discours qui est aussi celui de son mentor le colonel Samuel Trautmann). Ce discours tombe un peu comme un cheveu dans la soupe. Tenter de ramener une morale après toute cette violence est un peu étrange.
Beaucoup plus monolithique que le premier Rambo, le deuxième opus de la série est avant tout un film de guerre et d’action. Cette succession de scènes de batailles émaillées de nombreuses explosions coutera la vie à Cliff Wenger, un des responsables des effets spéciaux. Le personnage, après un déluge de feu et de sang qui n’est pas dénué d’une certaine poésie guerrière propre au genre, tient cependant un propos presque similaire que dans le premier Rambo. Contrairement au premier film celui-ci est tout à fait dispensable si l’on est pas amatrice ou amateur du genre.
Pratique assez courante dans les années 80 afin de faire la promotion des films, Rambo II donnera lieu à une novélisation par David Morell, ramenant ainsi le personnage au roman. David Morell s’est en grande partie inspiré du script de James Cameron (qu’il dit avoir beaucoup aimé (1)) pour réaliser la novelisation. Le livre est resté plusieurs semaines sur la liste des Best Seller du New York Times… L’auteur remettra le couvert pour Rambo III. Contrairement au premier Rambo, ces livres ne sont pas traduits en français.
Emeric Cloche.
(1) Lire le hors série Mad Movies Classic , Rambo du premier au dernier sang.
George Pan Casmatos, Rambo II : La mission (Rambo : First Blood Part II), Mai 1985.
David Morell, Rambo II : First Blood Part II, Jove pubns, Avril 1985.
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