Depuis son premier roman La ferme du crime (Tannöd, 2006), l’autrice allemande Andréa Maria Schenkel s’est fait une spécialité de décortiquer les faits divers marquants qui ont hanté l’Allemagne. Elle profite de cette base pour explorer en profondeur toute une société et une époque en parcourant plusieurs milieux sociaux.
Dans Tromperie c’est la petite ville de Landshut dans le sud-est de la Bavière et le début des années 20 qui sont explorés.
Plusieurs voix (police, témoins, pages locales du journal, journées d’audiences au tribunal, interrogatoires de police…) exposent les faits – un double meurtre sanglant – et tentent de reconstituer ce qu’il s’est passé tout en donnant, mine de rien, une analyse sociologique et psychologique approfondie de l’époque. La concision et la précision sont les marques de fabrique de l’autrice allemande. La morale de l’histoire est sans appel.
Lire Andréa Maria Schenkel c’est retrouver le parfum d’une époque que nous n’avons jamais connue autrement que par le cinéma ou la littérature. Tiens… il est d’ailleurs question de l’influence du cinéma sur la population avec Le poignard ensanglanté, un film muet qui aurait inspiré le meurtrier.
Emeric Cloche
Andréa Maria Schenkel, Tromperie, traduit de l’allemand par Stéphanie Lux pour Actes Noirs/Actes Sud, 2020, 217 pages, 21,80 Euros.