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Mauvaise graine de Nicolas Jaillet

Mauvaise graine de Nicolas Jaillet

C’est l’histoire d’une femme à qui il arrive quelque chose d’extra-ordinaire. Mauvaise Graine de Nicolas Jaillet, c’est aussi l’histoire des ravages de l’alcool sur la mémoire, pourrait-on dire. C’est un roman aux supers pouvoirs, qui démarre par le portrait de Julie l’institutrice, et s’achève façon Bruce Willis dans Piège de Cristal.

Alors, que lui arrive-t-il entre temps ? Julie peine justement à s’en souvenir. Il y a bien une fourchette plantée vigoureusement dans la main d’un homme un peu trop entreprenant. Il y a ces bières tous les jours englouties. Et puis tout à coup ces vomissements indices d’une femme enceinte. L’immaculée conception ?

Nicolas Jaillet explore un registre différent du psychologique et dramatique La Maison, autre portrait de femme qui pète les plombs. L’auteur est caméléon, comme le dit bien Jocelyne Hubert en évoquant le roman Les ravissantes. Elle tisse un parallèle avec le côté barré (pas simplement drôle) fréquent dans le polar américain, plus rare (et mal perçu ?) en France. On pensera à l’imagination délirante d’un Sébastien Gendron, par exemple.

-Un test de grossesse ? répète la pharmacienne en hurlant. Oui, bien sûr ! Vous avez une préférence ?
Une préférence. Julie observe la rouquine en espérant lui faire comprendre que sa question a peut-être un petit quelque chose de bizarre. Existe-t-il, selon elle, des gens qui consomment assez de tests de grossesse pour avoir leur marque préférée ? La pharmacienne se contente de la regarder. Non, elle n’a pas l’air de trouver ça bizarre.

Mauvaise graine de Nicolas Jaillet a les caractéristiques d’un feelgood à base de romance et d’action. L’auteur se frotte à quelques scènes de sexe bien chaudes, et se met dans la peau d’une femme avec une certaine réussite. Il y ajoute sa patte et s’y entend pour provoquer et perturber. Le bandeau de couverture vise pour une fois juste en citant Bridget Jones et Kill Bill. L’éditeur imagine même une catégorie « thriller pop ». On reprochera éventuellement une diversité de thématiques sans qu’aucune ne soit vraiment approfondie, ce qui laisse un goût de légèreté.

Caroline de Benedetti

Nicolas Jaillet, Mauvaise Graine, La Manufacture de Livres, 2020, 288 pages, 18,90 euros

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