Le mur Grec de Nicolas Verdan, un auteur Suisse francophone à coté duquel nous étions passés, nous donne des nouvelles de la Grèce. Merci à Cédric, du blog Mon roman noir et bien serré, pour la découverte.
De plus en plus de policiers cagoulés patrouillent dans les rues de ce pays où la crise fait des ravages. Sur les bords de l’Evros, le fleuve frontière entre la Grèce et la Turquie, un long mur de fil de fer barbelé se construit pour stopper les migrants. C’est là que la tête d’un homme est retrouvée. Agent Evangelos doit mettre la main sur le coupable. Celui-ci lui est désigné par ses supérieurs mais l’Agent, qui n’en est pas à sa première enquête, veut comprendre ce qu’il s’est vraiment passé.
Un tableau particulièrement sombre de la corruption qui gangrène le pays se dessine alors. Vous êtes dans un roman noir. L’écriture évoque William Faulkner, autant dans son souci de précision, de l’ellipse que dans sa façon d’envelopper le lecteur. Il faut accepter le style de l’auteur pour aller jusqu’au bout de l’affaire.
Nicolas Verdan, par ailleurs journaliste, s’inspire de ses rencontres sur le terrain avec des membres de l’agence européenne en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, de la police grecque et des réseaux de prostitution en Grèce. Le Mur Grec n’en est que plus terrible. On ne peut s’empêcher de songer aux récentes affaires qui mettent en cause Frontex dans la gestion de sa mission européenne. Le gouvernement grec comme les services de police ne sont pas non plus épargnés. Ce roman noir laisse entrevoir ce qui se cache, et donne quelques pistes pour tenter d’appréhender les crimes d’aujourd’hui. Des affaires qui ne se rangent pas dans la catégorie des faits-divers, mais dans celle encore plus sordide des crimes politiques.
Emeric Coche.
Nicolas Verdan, Le mur Grec, Bernard Campiche Éditeur, 2015