C’est une histoire de famille ordinaire. Un couple s’aime et fait un enfant, l’enfant grandit et devient une adolescente ronchon. Quant au couple… C’est l’histoire d’un projet de vie comme on en voit beaucoup, quitter Paris pour les avantages de la province. Nos corps étrangers de Carine Joaquin, ce sont les rêves à l’épreuve de la réalité.
Dès les premières pages, l’insatisfation émane des trois personnages du roman. Stéphane ressent physiquement l’inconfort de ses trajets en RER. Elisabeth vomit le contact avec son mari. Maëva prend ses distances avec les bouseux du collège. Le réconfort ne leur vient même pas en se retrouvant tous les trois. Simulacre, auquel il faut trouver un exutoire. Faire peau neuve, à quel prix ?
Nos corps étrangers raconte le quotidien de cette famille à la recherche d’un nouveau souffle. Peindre, travailler, flirter… Qu’est-ce qui viendra réparer les distances installées entre les êtres ? Carine Joaquin décortique la psychologie de ses personnages pour faire ressentir précisément leur état. Si la crise vécue par chacun est banale, déjà lue, souvent vécue, elle n’est que le chemin qui mène le lecteur vers le point de vacillement. Car nous sommes dans un drame qui tourne au fait divers.
Une fois la surprise passée, le lecteur pensera à d’autres histoires, sans doute, mais il ne faut rien dire de plus, pour garder intacte la tension créée par Carine Joaquim. Elle raconte les souffrances intériorisées et le trop plein qui déborde. Sans oublier de relier l’intime au monde extérieur, ce qui fait de ce premier roman une belle réussite.
Caroline de Benedetti
Carine Joaquim, Nos corps étrangers, La Manufacture de livres, 2020, 288 p., 19,90 euros
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