A Moscou Vladimir Poutine est au pouvoir. Xénia, rédactrice en chef d’un site d’actualité, suit les meurtres d’un tueur en série pour générer des clics. Dans La peau du papillon de Sergey Kuznetsov comme dans Le silence des agneaux l’antagoniste (le tueur en série) et le protagoniste (la journaliste) sont clairement définis. Leur affrontement est inexorable. Ils partagent la même passion, mais à des degrés différents.
Le BDSM et internet sont au cœur de La peau du papillon. On pourra aussi penser à la thématique du sacrifice, portée à l’écran par Lars Von Trier dans Breaking the waves. Le roman dégage la même fascination pour son sujet. Ici chacun semble être à la place dévolue par la société : les hommes tuent, les femmes meurent dans des descriptions sanglantes et organiques.
L’histoire procure une impression étrange. Plusieurs sujets y sont abordés sans qu’aucun d’eux ne semblent aboutir de manière philosophique ou littéraire. Le roman noir est un genre éminemment moral, et on se demande ici où est la morale de l’histoire. Cette question reste en suspens jusqu’à la fin, qui apporte une réponse à la fois terrible et évidente dans un climax hollywodien.
Une fois refermé, La peau du papillon continue à vous accompagner. Le roman vous interroge sur la description des corps suppliciés, la douleur et la violence, et ce que l’on en a retiré. À ne pas mettre entre toutes les mains.
Emeric Cloche
Sergey Kuznetsov, La peau du papillon, Traduit du russe par Raphaëlle Pache Série Noire, Gallimard, 2019. 480 pages, 22 Euros.