Elle s’appelle Pauline ou peut-être Polly. Une chose est sûre, elle ne laisse personne indifférent et cache un secret. Au comptoir d’un bar paumé, la rousse incendiaire croise le chemin d’Adam. A moins qu’il ne la surveille ? « – Adam Bosk, comme la poire mais avec un K au lieu d’un C. – Et moi je suis la pink lady, comme la pomme ». Corps inflammables de Laura Lippman met assurément le feu.
L’humour et l’ironie retiennent d’abord l’attention. Polly a tout de la jolie potiche de roman noir, puis elle semble timbrée. Quel est son passé ? Qui est-elle au juste ? « Les hommes l’épuisent. Au début elle les prend en pitié, à la fin c’est elle qu’elle trouve à plaindre. » Comme bon nombre de ses congénères héroïnes de roman noir, Polly a fait de mauvais choix qui ont marqué durablement la trajectoire de sa vie. C’est une femme et une mère qui se bat pour rétablir la balance en faisant des plans minutieux. Sans que tout se passe comme prévu.
La trame pourrait être attendue, mais Laura Lippman fait de ses seconds rôles des portraits à part entière. Le futur ex-mari, le courtier véreux, la détective et la serveuse disent l’arnaque, la tentative de survie quand on échoue à Belleville, Delaware, à l’ombre de Baltimore. Une grande finesse et beaucoup d’émotion se dégagent à mesure que l’intrigue se précise. Polly aime aller au cinéma voir les films adaptés des romans de James M. Cain, la référence n’est pas là pour rien.
Corps inflammables se range dans la catégorie polamour, du genre sans pitié et qui vous laisse le coeur en miettes.
Caroline de Benedetti
Laura Lippman, Corps inflammables, Actes Noirs, 2019, traduit de l’anglais par Hélène Frappat, 352 p., 22,50 euros