Le Jeu de la Dame, The Queen’s Gambit, est la série événement de cet hiver, dotée d’une puissance narrative brillante et émouvante. Produite par Allan Scott et Scott Frank, deux scénaristes, elle mérite amplement son succès.
The Queen’s Gambit est adaptée d’un roman de Walter Tevis (qui bénéficie d’une réédition le 11 mars aux éditions Gallmeister). L’histoire semble vraie tant la fiction est une réussite. Nous suivons une jeune orpheline, Beth Harmon, surdouée aux échecs, de son enfance à l’apogée de sa gloire. Dans une Amérique du Nord de la fin des années 50 et 60, en conflit avec l’URSS, les parties sans pitié n’ont rien d’ennuyant.
La performance d’Anya Taylor Joy (que l’on a pu voir dans Split et Glass de Night Shyamalan) est de haut niveau. Son personnage captive durant les 7 épisodes d’une heure environ. Mention spéciale pour les décors et les tenues évoluant avec Beth. Elle conserve sa coquetterie dans un monde d’hommes parfois peu enclins à laisser rentrer une jeune fille dans le cercle fermé des maîtres de jeu d’échecs. Les clubs de gentlemen voient d’un mauvais œil la jeune femme à la chevelure flamboyante et aux grands yeux de biche. Pour eux et les médias, la réflexion est une affaire genrée. C’est auprès de ses anciens amants, et de sa mère adoptive, qu’elle obtiendra le soutient dont elle a besoin.
Visuellement, la série est également soignée. L’atmosphère globale donne l’impression d’une réelle biographie et la richesse psychologique des protagonistes est convaincante. Le rythme est bien contrebalancé, entre parties rapides et immersion dans la solitude de Beth et ses addictions.
En bref, Le Jeu de la Dame est une petite pépite qui nous ferait presque oublier la morosité ambiante de cette année 2021.
Manon Tardy