Même si chaque nouvelle enquête du détective privé Varg Veum peut se lire séparément des précédentes, la 18e, Grande sœur de Gunnar Staalesen n’est peut-être pas la plus indiquée pour faire connaissance avec le sympathique « loup solitaire ». D’abord, parce que les besoins de l’enquête l’entraînant hors de Bergen, il est parfois difficile à suivre (stricto sensu) pour qui ne maîtrise pas la langue norvégienne !
Les nombreuses précisions topographiques et toponymiques concernant Bergen même peuvent aussi dérouter. On peut imaginer ce que signifie Nordnesgaten mais avec Fritznersmuget et Nykirkealmenningen on est largué ! Difficile également de s’y retrouver dans la galerie de personnages aux noms exotiques pour tout(e) non germaniste. Heureusement, comme les difficultés de l’enquête amènent le détective à faire le point régulièrement, on y arrive : « En conduisant, je gambergeai une fois de plus sur la direction à suivre. J’avais plusieurs noms sur ma liste. Je soupçonnais aussi bien Kari Sandbakken que Helga Fjortoft de jouer les cachotières. Je sentais également que je n’avais pas assez discuté avec Knut Moberg. Une tentative de faire parler Liv Hoie Hansen figurait tout en haut de ma liste, et je devais peut-être tailler la bavette avec son fils aussi. J’envisageais par ailleurs sérieusement de rechercher le frère de Velesmoy Valaker, Vetle, qui habitait aussi Bergen, et peut-être – dans un second temps – Torfinn Vangen, de Buvik. »
« Balivernes ! » répond l’amateur de la série Varg Veum qui retrouve avec bonheur un personnage toujours aussi attachant et original. Vingt ans ont passé depuis sa première enquête (Le loup dans la bergerie) mais son expérience professionnelle dans les services de protection de l’enfance lui est une fois de plus bien utile pour mener à bien une affaire de disparition (de jeune fille) qui fait resurgir une affaire criminelle non résolue : un viol, dont la victime traumatisée est devenue folle. L’obstination du détective à forcer le mur du silence le place dans des situations de plus en plus périlleuses et les scènes ultraviolentes succèdent aux interrogatoires polis.
Grande soeur de Gunnar Staalesen est une affaire peu banale, dès le départ. Elle est confiée à Varg par une demi-sœur dont il connaissait l’existence, qu’il n’avait jamais rencontrée, et dont les révélations l’amènent à s’interroger sur ses propres origines : être ou ne pas être le fils de… ? « là était la question. »
Réponse dans la prochaine enquête ?
Jocelyne Hubert
Gunnar Staalesen, Grande sœur, traduit du norvégien par Alex Fouillet pour Gaïa Noir, 2021.