Dans Bellamy (Chabrol, 2009), Gérard Depardieu campait magistralement un personnage de commissaire empathique évoquant le commissaire de Georges Simenon. De quoi donner envie de voir l’acteur français incarner le célèbre policier du 36 quai des Orfèvres. Maigret de Patrice Leconte exauce nos vœux.
Maigret, pas au mieux de sa forme, enquête sur la mort d’une jeune fille poignardée de cinq coups de couteaux. Son corps a été signalé par un inconnu, il git dans une rue de Paris. Elle porte une belle robe de soirée.
L’histoire suit un cours classique, le scénario ne repose pas sur les surprises ni sur les rebondissements. Le commissaire et son équipe débutent l’enquête de proximité et cheminent vers les coupables. Mais le cœur n’y est pas vraiment… Maigret est triste. On le suit dans l’intimité de son couple, ce qui révèle quelques éléments de sa personnalité et de son passé.
Patrice Leconte pratique une cinéma d’atmosphère qui se tient loin des scènes d’action et des effets spéciaux. Une sorte de respiration bienvenue même si des sujets rudes (la perte, la condition des jeunes filles montant à Paris pour tenter leur chance, et la tristesse, une incommensurable tristesse) sont au centre de cette histoire.
Le travail d’adaptation est remarquable. Maigret de Patrice Leconte fait partie de ces films – comme La ligne verte – qui donnent à voir le livre que l’on a lu même si l’histoire n’est pas tout à fait la même. Comme si le réalisateur et son équipe parvenaient à une vison universelle de l’œuvre. Pourtant le livre date, Maigret et la Jeune morte a été publié en 1954 ; le roman en est ici à sa cinquième adaptation. Sans parler des autres films adaptés de l’œuvre de Simenon…
Depardieu, tout comme les sujets du film, souligne l’intemporalité de ce personnage d’enquêteur, ce passeur d’histoires qui n’a de cesse d’observer l’être humain et de raccommoder les destinées… quand il le peut.
Emeric Cloche et Caroline de Benedetti