Est-ce parce que Alain Choquart travaille dans le cinéma (directeur de la photographie pour Bertrand Tavernier) ? Toujours est-il que son style est visuel. Entendons-nous bien, visuel de façon romanesque, pas à la façon d’un scénario. Alain Choquart écrit un roman noir dans un style propre au genre.
Cette terre que je croyais mienne donne à voir la campagne du Vercors et ses habitants. Dans ce pays façonné par la ruralité, les légendes d’aigle enlevant un enfant donnent naissance aux noms des lieux, et l’agriculture traditionnelle ne rapporte pas assez pour rembourser les prêts. C’est un pays où les tracteurs guidés au GPS n’effacent pas la dureté économique d’un monde à l’agonie. Ici, le kilogramme de cannabis rapporte plus que la tonne de maïs. Paul, un flic revenu sur la terre de son enfance pour se mettre au vert après une mission d’infiltration qui s’est mal terminée, n’a pas fait le bon choix. Il va croiser le destin de celles et ceux qui sont restés là… et qui eux ne vont pas avoir vraiment le choix. Ce premier roman se révèle rude et violent, sans concessions. Du noir de chez noir.
Emeric Cloche
Alain Choquart, Cette terre que je croyais mienne, Les Arènes / Equinox, 340 pages, Octobre 2022, 20 Euros.