Tous nos rêves ordinaires d’Élodie Chan parle d’une époque (le début des années 2000, le magazine Jeune et Jolie, les cartes Magic, la Playstation, les clips de M6, les Chocapic…) et d’un âge que nous avons tous eu. Elle le fait avec sensualité, précision et finesse.
C’est un âge où le corps est une prise de conscience, une découverte et une dictature. Un âge où chaque défaut, chaque action sont décortiqués sous le regard des autres comme de soi-même. Un âge où tout est important et vital, à la fois ingrat et magique. Un âge où les souvenirs s’écrivent entre tendresse, pulsion, non-dit et cruauté. Les injonctions de la société sont pléthore. On achète des strings en cachette, on parle « de sucer les garçons » avant de regarder un Disney. Le sexe et tout ce qui tourne autour prend une place prépondérante. Et au milieu de tout cela se trouve l’amour, l’attirance pour l’autre, l’amitié. C’est un âge qui finit par passer, tant bien que mal.
Les adultes, absents ou présents pas comme il faut, sont violents, voire manipulateurs. Eux aussi ils regardent, ils calculent. C’est un cocktail explosif.
Tous nos rêves ordinaires est un roman sentimental et teinté de nostalgie. C’est aussi un roman noir, parce que la vie n’est pas toujours rose, et qu’à cette période se creusent quelques cicatrices et se dessinent les salauds à venir.
Emeric Cloche
Elodie Chan, Tous nos rêves ordinaires, Sarbacane, 2023, 256 p., 16,50 euros