Les terres animales, ce sont les terres des habitants d’une zone contaminée par la radioactivité. Après une catastrophe, plusieurs groupes ont décidé de rester sur place. D’autres sont venus. Ils forment une communauté et survivent, parqués derrière une clôture électrifiée, sous l’œil des drones. Ici, il faut se promener avec un compteur Geiger, enfiler des protections, nettoyer la terre sous les chaussures, tout nettoyer en fait, mais beaucoup de choses restent « comme avant ». Pourtant la radioactivité est bien là, invisible, dans l’air, sur terre, sous terre et dans les esprits.
Fred, Sarah, Marc, les Ouzbekh qui sont venus nettoyer, tous ont été soumis aux radiations. Ils savent que leur temps est compté. Ils se sont donné 3 ans. Trois années à vivre, à boire un coup, à jouer au foot presque comme si de rien n’était. Mais tout n’est pas si simple, la vie, la morale, les sentiments sont toujours là.
Laurent Petitmangin s’intéresse à ce qui nous fascine quand l’État disparait, cette prise en main de nous-mêmes : la survie loin des institutions, la société au plus petit dénominateur commun, deux ou trois hameaux, quelques maisons et la nature… Tout ce temps libre soudain, un peu comme des vacances perpétuelles. Le roman forme un mélange réussi de Georges Simenon et Pierre Pelot.
Emeric Cloche
Laurent Petitmangin, Les Terres animales, La manufacture de livres, 2023