Et si la montée des eaux rendait nos continents inhabitables ? « Qui aurait pu prévoir ? », s’exclameraient des hommes politiques, les seuls à n’avoir jamais lu les rapports des scientifiques. La Roche de Martin Lichtenberg se projette dans ce futur, et lui donne des airs steampunk.
La Roche est une île où évolue une société quasi archaïque composée par les Rocailleux et les Rocheux, contrôlés par la Garde. Dael se tient loin d’eux, et préfère sauter de toit en toit pour chiner des objets. Là, il observe les Rocheux qui achèvent leur journée de travail dans les Sous-fonds. Dehors, un écran leur faire miroiter un ailleurs. Chaque semaine, un train embarque un heureux travailleur choisi pour partir à la Capitale. Dael essaie de leur insuffler à tous le vent de la révolte. Mais lui et sa fille Loo sont les rares esprits révoltés sur cette île. Leur rencontre avec Sol, jeune musicien dans une société où la musique est interdite, va faire bouger les lignes.
La Roche ne s’attarde pas sur la catastrophe qui a changé le monde. Le roman interroge surtout l’aliénation, et ce qu’il reste de nos rêves et nos âmes quand les hommes et les femmes se résignent. Sur la Roche, le mythe de la Capitale offre la dose d’espoir nécessaire pour endurer la souffrance. Il faut les étincelles de la rencontre entre Dael, Loo et Sol pour mettre à jour les rouages de cette société sous bonne Garde.
Martin Lichtenberg confronte la lutte et la résignation. L’auteur, né en 1996, avait neuf ans à la sortie de La horde du Contrevent. Son écriture porte clairement l’influence d’Alain Damasio. On retrouve dans ce premier roman le même style rythmé. Sol est un héritier de Caracole. Si l’histoire prend son temps pour s’installer, elle déploie ensuite une atmosphère qui embarque jusqu’à un final déconcertant.
Les éditions Héloïse d’Ormesson marquent avec ce livre l’entrée de la SFFF à leur catalogue, sans y consacrer une collection spécifique. Nous serons curieux de découvrir les futurs titres.
Caroline de Benedetti
Martin Lichtenberg, La Roche, Héloïse d’Ormesson, 2024, 22 €, 384 p.
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