« Se retrouver dans la peau du sale type prêt à tous pour sauver la sienne, ce n’est pas vraiment agréable. »
Julien Kirby, le personnage principal d’American Airlines de Thierry Brun (aux éditions Kubik) n’est pas un héros. Il quitte l’armée où il n’a pas trouvé sa place et revient chez sa mère, une prostituée, joueuse de poker émérite. Julien ne sera pas sans rappeler Martin Terrier, anti-héros de La position du tireur couché de Jean Patrick Manchette, en moins idiot et plus dangereux.
Précision, ellipse, scènes d’actions qui prennent leur temps… Manchette rencontre Simenon. Chez Thierry Brun le monde est sociologique, déterministe et implacable, mais ce que l’on cherche ici c’est aussi « l’Homme nu ». Qu’est-ce qui nous anime, qui sommes-nous ? Thierry Brun met toujours du Simenon dans son néo-polar. De ces vies abimées qu’il décrit fort bien ressortent l’humanité et le drame. Si le poker est au centre de l’œuvre, pas besoin d’en connaître les règles pour être emporté ; le jeu est une bonne métaphore de la vie, féroce et cruel.
Un an après son roman Épaulard, Thierry Brun signe un nouveau roman noir et bien serré. Une réussite. All in !
Emeric Cloche
Thierry Brun, American Airlines, Kubik, 223 p., 17,50 €