Le téléphone carnivore de Jo Nesbo affiche la couleur avec une couverture sanglante qui tape dans l’œil. L’auteur norvégien est connu pour la série de romans avec Harry Hole, mais il prend parfois d’autres sentiers. Le fantastique et l’épouvante ont depuis quelques temps la cote chez les auteurs qui n’en sont pas familiers.
Richard Elauved a quatorze ans et le personnage donne au récit la saveur des aventures d’adolescents. À la fois loser de l’école et méchant garçon, il n’a que peu d’amis avec qui passer le temps. Deux d’entre eux disparaissent dans des conditions étranges et mêmes épouvantables, au point de voir débarquer Dale l’agent du FBI. Voilà un démarrage trépidant, mais un récit qui devient de plus en plus agaçant : facilités d’intrigue, style pauvre.
C’est alors que s’ouvre une deuxième partie. Elle agit comme une révélation (« bon sang mais c’est bien sûr ») qui a son efficacité, avant que l’étrange ne revienne, tendant cette fois vers le burlesque. Pourquoi pas ? Déstabiliser le lecteur, c’est une bonne idée. Sauf qu’ici, le procédé ne brille pas par son originalité. Car une troisième partie apporte la révélation finale, digne d’un thriller. Difficile d’en dire plus sans divulgacher au lecteur qui y trouvera peut-être son compte.
Le téléphone carnivore sonne comme un livre référentiel. La jeune amie de Richard lui fait lire La métamorphose et Sa majesté des mouches ; lui est fan de films d’horreur. Les lieux de l’histoire évoquent comme il se doit ceux qu’on trouve dans ce genre d’histoire : l’école, le manoir étrange, la bibliothèque. Il est question d’écriture et de faux-semblants, mais le manque d’originalité saute aux yeux. Si vous avez lu quelques romans de ce genre, vous ne tarderez pas à deviner le « twist » de la dernière partie. L’amalgame ne prend pas, et voilà qui est décevant.
Caroline de Benedetti
Jo Nesbo, Le téléphone carnivore, Série Noire, 2024, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, 19 €, 288 p.