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De neige et de vent de Sébastien Vidal

De neige et de vent de Sébastien Vidal

De neige et de vent est le troisième roman de Sébastien Vidal, Prix Landerneau 2024. Si l’on regarde la littérature sous le prisme de la ville ou de la campagne, l’auteur s’inscrit dans la deuxième catégorie. Rural noir, comme on dit.

« Ici, on vivote entre têtes connues, on se parle avec des mots familiers, et les allures et les profils, les traits de caractère, sont plus fiables que les cartes de visite et les réputations. Le village se meurt, mais au moins les Tordinonais meurent entre eux. »

C’est dans ce village que débarque Marcus. Lui, le voyageur, l’homme qui passe avec son chien, un jour de tempête. En soixante pages, le drame est posé. Un cadavre, un étranger, un village coupé de tout. Celles et ceux qui ont vu le film Délivrance auront des images en tête.

Il y a une forme d’excès dans ce roman. Une violence improbable, incroyable. Elle se déploie dans la tempête de neige qui ouvre l’histoire. Dans le village bloqué par les intempéries, géré par un maire omnipotent, xénophobe et tyrannique, la question est justement de mettre en scène ce que produit l’effet de groupe : l’intelligence diminuée, la minorité silencieuse et le pouvoir d’un petit nombre. Alors oui, le trait est parfois poussé, mais Sébastien Vidal retombe sur ses pieds avec style.

Car l’auteur fait du paysage un personnage à part entière, jouant avec la météo, le vent, le gris et le blanc des éléments. Ils agissent, influencent, évoluent, comme les deux gendarmes Nadia et Marcus, embarqués dans ce huis clos. Si le drame semble évident, et l’issue inéluctable, le sens du récit l’emporte grâce à quelques scènes mémorables. À coup sûr, nous continuerons de lire Sébastien Vidal.

Caroline de Benedetti

Sébastien Vidal, De neige et de vent, 2024, Le mot et le reste, 21 €, 248 p.