Le premier roman de Michel Douard, Chinese Strike (devenu Mourir est le verbe approprié dans sa version poche) semble avoir initié une série futuriste qui embarque mafieux, pilotes de drones et divers citoyens à la marge. Voici le 2e opus, Micron Noir.
L’an 2048. À 30 ans de nous, la paix n’est pas au programme du monde décrit par Michel Douard. La guerre s’organise « proprement », pour des motifs obscurs, à travers une compétition sportive diffusée sur grand écran. Les soldats ne peuvent plus se plaindre de leur petit salaire, ils gagnent des millions grâce à leurs sponsors. Pour être efficaces il leur faut une drogue : le micron. Qui dit drogue dit trafic, et voilà le coeur de l’intrigue de ce roman où les militaires passent commande et s’arnaquent entre eux, menés par un officier intégriste chrétien ayant planifié de nettoyer la pourriture du monde.
La véritable réussite repose sur les personnages installés par l’auteur. En plus du jeune chef mafieux Erik Kessel (dont les cheveux albinos ne sont pas sans évoquer Julian Assange), il y a Victoire Weber la jeune rebelle pilote de drone. Pas de véritable héros, pas de motivation évidente, pas de noble chevalier. Chacun sa morale dans un monde où la justice ne veut plus dire grand chose. Qui peut assurer faire le bien ?
Michel Douard perd en légèreté, versant moins dans le registre de l’humour, pour gagner en épaisseur avec ce deuxième roman. Il ne lui reste qu’à développer le monde qu’il a mis en place, en même temps que ses personnages prendront de l’ampleur en dévoilant leur personnalité.
Michel Douard, Micron Noir, La manufacture de livres, 2015, 18,90 €, 264 p.
Caroline de Benedetti