The Chaser (2008) nous avez emballés lors de sa sortie en salle, The Murderer (2011) était un peu trop appuyé à notre goût ; voilà que débarque The Strangers (2016).
La petit ville de Gok-seong semble frappée par une étrange intoxication due à des champignons qui provoquent fièvres, pustules purulentes, crise de violence et de démence et massacres… Les ingrédients du film d’épouvante et d’horreur basculent parfois dans le gore sans que l’on puisse deviner ce vers quoi va aller la prochaine scène. La virtuosité furieuse et parfois outrancière de Na Hong-jin nous prend par la main pendant plus de deux heures et demie dans un tourbillon de rebondissements pluvieux et de faux-semblant. C’est à la fois foutraque, parfois invraisemblable, étrange, lointain ; on se surprend à rire et à avoir peur en même temps. On croit comprendre et puis non. Peut-être y a-t-il un élément de réponse dans la réplique du japonais qui vit seul dans la montagne :
« À quoi bon vous le dire puisque vous avez déjà jugé ? »
Ce personnage (un étranger) semble être à la fois lui-même et ce que les autres veulent qu’il soit ; les religions voient un mauvais esprit ou le diable, les policiers un bouc émissaire ou tout au moins un coupable. Reste à savoir ce que l’on comprend, en tant qu’occidental, à cette campagne Sud Coréenne, cette forêt, cette montagne, ce que l’on connait des traditions, des superstitions et de la mythologie fantastique coréenne. The Strangers est un film d’épouvante prenant, noir et sans pitié qui laisse le spectateur décontenancé, un peu à l’image de ce flic balourd qui voudrait bien savoir ce qui se passe… Chacun pourra se repasser des scènes du film pour voir ce qu’elles peuvent bien dire.
Emeric Cloche