Courts-métrages session 2 à la hauteur de la première !
Quelques thématiques reviennent de courts en courts, la perte, l’héritage, le passage de l’humanité ou d’une idée forte pour se structurer… Green Light (Seongmin Kim, Corée du Sud) reprend ces thèmes dans un dessin animé aussi bien réalisé qu’il est classique. Fatcula (Martinus Klemet, Estonie) alliie fitness et légende de Dracula avec un dessin beaucoup plus trash et punk que les traits léchés du court-métrage coréen. Icarus (Tom Tellier, USA) nous emmène dans l’espace sans échapper aux scènes obligées du genre, mais comme c’est particulièrement bien fait on ne s’ennuie pas, grâce notamment à ce petit robot attachant qui n’est pas sans rappeler les Buddy de Walt Disney. Lacrimosa (Taja Mairitsch, Autriche) fait une large place au fantastique et au sentiment avec une belle histoire de deuil. La poésie est au rendez-vous et elle sonne juste. Lunatique (Gabriel Kalim Mucci, Brésil) propose un monde post apocalyptique sans aucune surprise mais à l’ésthétique très attachante, la fin terrible non pas en terme de surprise mais en terme de… de… disons de fatalisme fait penser à Stephen King quand il est méchant. Nicol’s Cage (Joseph Brandi, Allemagne) est un court humoristique qui se déroule dans une esthétique années 70 où nous suivons un couple qui vient de s’approprier un nouvel appartement et… une cage. Là encore la fin est très réussie. Black Hole : How Embarrassing To Be Human (David et Laurent Nicolas, France) qui clôt cette deuxième saison a de fortes chances de gagner un prix, c’est un film d’animation qui fait appel à l’imaginaire des films de SF américains et il comporte plusieurs scènes poilantes et une fin désopilante. De ces deux premières sessions se dégage des esthétiques différentes et contrastées, mais toutes, dans leur genre, sont d’un niveau remarquable. C’est donc avec impatience que nous attendons les troisième et quatrième sessions.
Anniversaire de la Révolution d’Octobre
« Anniversaire de la Révolution d’Octobre« , une heure c’était bien trop court pour développer le sujet animé par l’auteur Xavier Mauméjan. Autour de la table Yann Olivier, Aymeric Seassau, Denis Bajram et Patrice Lajoy. On le voit au détour de quelques phrases, les participants ne sont pas tous d’accord sur l’interprétation que l’on peut faire de la Révolution d’Octobre et sur l’imaginaire qu’elle produit. C’est ce qui fera le sel de la discussion. Aymeric Seasseau prendra soin de replacer la Révolution d’Octobre dans un contexte historique, social et artistique. De nombreux sujets seront évoqués par les participants (le totalitarisme, Pif, La bande dessinée Partie de Chasse de Bilal, la censure des Comics américains en France…) on le comprendra aisément le sujet est vaste et éminemment politique. La Révolution d’Octobre amène dans son sillage énormément de questions, d’interprétations et d’imaginaires. Plus que la Révolution en elle-même c’est sur le système sur lequel elle débouchera dont il sera question.
Quand Patrice Lajoy (auteur avec son épouse Viktoriya d’une anthologie de la SF russe : Étoiles rouges. La Littérature de science-fiction soviétique, aux éditions Piranha) dépeint l’ennui qui découle d’une partie de la science-fiction russe qui décrit un futur radieux où tout va bien, Yann Olivier rappelle que cette pensée va à l’encontre de la critique que se doit d’engendrer la pensée marxiste sur la révolution et la mise en place d’une politique. Il revient sur un des côtés révolutionnaire du genre : la SF sert à désacraliser les concepts et les idées en les projetant dans le futur. À partir de l’exemple des termes « Maître » et « Votre Honneur » utilisés lors des procès en France, il imagine un livre qui montre une société future dans laquelle ces termes sont considérés comme obsolètes, ce qui nous permettrait de les regarder comme cela dans notre présent. Des questions se posent : la dystopie ne se développe-t-elle pas en science-fiction au moment de la chute du mur de Berlin ? Oui répond Patrice Lajoy qui a écrit un texte sur le sujet. Mais déjà, l’heure est passée.
Journée professionnelle
Les Utopiales permettent aussi des temps d’échange et de réflexion inter-professionnels. La journée « Remix » organisée par Mobilis incitait les participants à rêver leur festival idéal. Repenser les contraintes et les formes : une utopie à coups de post-it, brainstorming, design, rire et bricolage ! Dans quelques années peut-être, le public en verra le résultat…
Emeric Cloche et Caroline de Benedetti