Avec ses deux romans parus en France, la polonaise Magdalena Parys sonde les échos du passé. La seconde guerre mondiale, nous le savons, a bouleversé la vie de nombreuses familles. Dans 188 mètres sous Berlin celle de Franz dévoile ses secrets dans un récit choral. Autant de liens à suivre pour comprendre la mort de Klaus, assassiné en 2010. Les protagonistes se connaissent tous, amis, frères, amants, et détiennent une part de la vérité cachée dans l’aventure qu’ils ont vécu dans les années 80. Ils se sont lancés dans ce projet fou, construire un tunnel sous le mur de Berlin, en pleine guerre froide. Et si la vérité de leur acte remontait encore plus loin dans l’Histoire ?
C’est aussi dans le passé qu’il faut fouiller pour comprendre la vengeance à l’oeuvre dans Le Magicien. Une nouvelle fois l’autrice révèle les conséquences, celles liées à la fuite des hommes et des femmes qui ont tenté de quitter l’Est, vers la Grèce et la Turquie. Après le tunnel sous Berlin, voici une autre zone meurtrière : la frontière Bulgare. Le député Schlangenbergen l’a bien connue, lui qui était un zélé officier de la Sûreté de la RDA, avant de devenir un homme politique respecté, opportuniste défenseur des droits des femmes.
Là aussi, les ondes se propagent et la vengeance prend son temps, surtout quand elle se mélange à une histoire d’amour.
Chaque pays enterre ses secrets et occulte ses responsabilités, de l’Allemagne, à la France, en passant par l’Espagne et le Chili que l’on croise dans ces pages. Les romans de Magdalena Parys défendent la mémoire, car ici comme en de nombreux autres drames, la phrase « ni oubli, ni pardon » garde son sens. L’autrice remet dans la lumière ce que les hommes de l’ombre oeuvrent à étouffer : services secrets d’aujourd’hui, comme la Stasi en son temps. Impossible de ne pas savourer son écriture, le souffle de l’Histoire et la qualité des personnages qu’elle imagine pour nous. En attendant la suite.
Caroline de Benedetti
Magdalena Parys, éditions Agullo : 188 mètres sous Berlin, 2017, 416 p., 22 € / Le magicien, 2019, 320 p., 23 €, traduits du polonais par Margot Carlier et Caroline Raszka
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