Un homme et une femme… Point de départ de multipes histoires, avec tant de chemins à emprunter. Sophie Loubière s’y entend pour s’emparer des schémas classiques et leur imprimer sa patte. Chez elle, l’ironie et le mordant surgissent au détour d’un portrait ou d’une réplique. Ces petits accrocs sur un beau motif font qu’on a plaisir à la lire.
Un homme et une femme, et une chambre d’hôtel pleine de sang. Voilà ce qu’il faut préciser. Fait divers dont il reste à décrypter l’origine. Qui est la victime ? Qui est le coupable ? A rebours, l’autrice raconte l’enfance de Laurence, prise en grippe dès le berceau par son petit frère Thierry, lequel imaginera mille sévices pour elle. Adolescente, jeune fille, femme, Laurence se transforme au sein d’une famille aux souffrances ordinaires. Sportive, chômeuse, croupière… Son portrait se dessine, avec ses ombres et sa fragilité mise à mal par les coups qu’une femme peut prendre, surtout quand elle est obèse. La personnalité de Laurence s’avère complexe et constitue la véritable énigme du roman, celle que le lecteur doit éclaircir sans avoir toutes les cartes en main. Qu’éprouvera-t-il quand le jeu entier lui apparaîtra ?
Cinq cartes brûlées s’inscrit dans la veine du roman psychologique et renvoie chacun à ses failles et ses rêves d’accomplissement. Qu’en est-il des petits cailloux qui peuvent nous faire déraper ?
Caroline de Benedetti
Sophie Loubière, Cinq cartes brûlées, Fleuve Noir, 2020, 341 p., 19,90 euros