On aurait pu croire que John Rambo sonnait le glas de Rambo, le personnage étant arrivé dix ans plus tôt au bout de ce qu’il est : une machine à tuer. Hé bien non ! Rambo vieillit dans un ranch près de la frontière mexicaine avec deux femmes (Maria, une vieille amie mexicaine et Gabrielle sa petite fille), des chevaux, des tunnels et des médicaments. Il finira par jeter ses médocs et faire ce qu’il sait faire (avec une certaine jubilation) à savoir tuer des gens. Le film tranche avec le schéma des Rambo II, III et IV, il ne se répète pas de la même façon. Rambo y parle un peu plus, il tue beaucoup moins de monde et se retrouve dans un milieu urbain.
Après une mise en place bien plus longue qu’à l’accoutumée, qui montre un personnage tenter de vivre « sa vie de tous les jours » et une opération de sauvetage façon film d’action, dans une autre partie John Rambo se transforme en un genre de Michael Myers (le méchant des Halloween de John Carpenter). Rambo aime tuer. Il a été construit pour l’action guerrière. Il n’y a pas d’échappatoire pour ce personnage tragique.
Si le précédent Rambo ne donnait absolument pas envie de faire la guerre et tranchait avec les films d’action où le spectateur jubile en même temps que le héros quand il frappe, Last Blood renoue un peu avec cet effet, du fait de la cruauté des méchants, de la nature du scénario (Rambo est concerné « sentimentalement » par sa mission) et par le truchement d’une chanson des Doors qui donne un petit air entraînant au massacre final. Mais il est gênant de se trouver du côté du tueur dans un slasher et dans Last Blood, Sylvester Stallone est souvent filmé comme un méchant de film d’horreur.
Le processus du IV est – en partie – poussé au maximum et la morale du film est déprimante. Même si le final n’est pas sans rappeler certains westerns, il n’y aura pas de rédemption pour Rambo. La tentative « d’humanisation » du personnage est vaine. Il reste hanté par la guerre qui l’a marqué à jamais.
Emeric Cloche.
Adrian Grunberg, Rambo : last blood, 2019
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