Souvent, le décor d’un roman change lors de son passage à l’écran, la plupart du temps pour des raisons financières. S’il n’est pas très couteux à William Hjortsberg de situer son roman Le Sabbat dans Central Park à New York, cela devient hors de prix pour le film Angel Heart que le réalisateur Alan Parker transpose sur les terres de la Nouvelle Orléans, avec un budget de 17 millions de dollars. Grand bien lui a pris, là où le roman dépeignait un New York assez quelconque, le décor de campagne du film colle parfaitement à l’histoire.
Empruntant le chemin inverse, le passage à l’écran du roman de Matt Ruff rend l’histoire plus spectaculaire. Les monstres arrivent à l’écran bien plus vite que dans le roman. Les effets spéciaux sont plus présents que dans le livre et les situations plus explosives. Dans ce deuxième épisode, la voiture argentée s’écrase au milieu du pont, dans le roman elle cesse tout simplement de rouler. Le choix du spectaculaire a dû gonfler le budget, gageons que HBO doit avoir les moyens.
C’est donc dans une débauche d’effets que Whitey’s on the Moon installe l’ambiance et creuse un peu plus les personnages. La série bascule dans un fantastique à haute densité tout en restant assez classique. Beaucoup d’ingrédients sont dévoilés dans un faste qui n’a d’égal que le manoir étrange aux alentours duquel nos héros semblent coincés. Il se passe beaucoup de choses en moins d’une heure. Si le premier épisode partait sur un road movie, nous voilà maintenant dans un grand manoir avec une société secrète. La forêt, le petit village et sa haute tour de pierre, sont tout aussi mystérieux. L’ambiance est maintenant à Dracula et aux films de la Hammer des années 50.
À ce stade, lire le livre en même tant que l’on regarde la série peut apporter quelques approfondissements et explications. Le roman va moins vite que la série, il est moins vertigineux, plus posé, plus calme.
Emeric Cloche
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