Un groupe d’aventuriers, plus voleurs que héros, se forme en vue de récupérer un artefact magique. Leurs pérégrinations donnent lieu à une aventure à la fois drôle, dépaysante, burlesque et touchante. Donjons & Dragons l’honneur des voleurs de Jonathan Goldstein (Game Night, The Creep…) s’attaque à une franchise qui semblait maudite. Il tente de porter à l’écran l’imaginaire qui se déploie pendant une partie de jeu de rôle.
La brochette d’acteurs est bonne, bien équilibrée, comme une bonne table de jeu. Chacun des personnages joueurs y a son moment de gloire. Les méchants sont de bons méchants classiques, de ceux que l’on a envie de voir échouer. Le monde des Royaumes Oubliés est esquissé comme il se doit, à l’aide d’une carte et de quelques – rapides – scènes de voyage ; là encore force est de constater qu’il s’agit bien du décor de Dungeons & Dragons, le jeu. La musique de Lorne Bafle avec un générique de Tame Impala (Mylène Farmer pour le public francophone) est agréable elle aussi ; à l’image du film, elle n’essaie pas d’en faire trop.
La thématique centrale puise dans un grand classique des scénarios de Dungeons & Dragons : comment combattre et enrayer la mort. Dans leur quête, les aventurières et les aventuriers ne survivront qu’en s’unissant et grâce à la diversité du groupe (un autre champ de force important de D&D). Si la force brut compte, ce sont surtout les plans échafaudés et l’intelligence – à savoir la faculté d’adaptation aux environnements et défis – qui leur permettront de progresser (du pur D&D encore une fois).
Les références pour les rôlistes sont discrètes mais bien présentes : quelques hexagones rappelant les premières cartes sur le sol de l’Outreterre, un comique de répétition potache autour des règles de magie… ce n’est pas trop appuyé et il y a des surprises pour tout le monde (ce dragon !). Aucune des scènes ne traîne en longueur, que ce soit les paysages ou les moments d’action. Le film avance étape par étape (comme des sessions de jeu) sans que cela ne tombe dans une narration trop évidente de type jeu vidéo. On ressort du film avec le sourire. L’honneur des voleurs arrive à proposer à la fois un scénario de cinéma de fantasy et une aventure telle que l’on peut la jouer sur table avec ce qu’elle comporte de moments loufoques (ces patates !), de camaraderie et de choix moraux.
Donjons & Dragons, l’honneur des voleurs est une réussite avec une saveur de partie de D&D. Le contrat est rempli ; on en redemande.
Emeric Cloche.