« De son vivant Laëtitia Perrais n’a intéressé aucun journaliste, aucun chercheur, aucun homme politique (…). Je voudrais montrer qu’un fait divers peut être analysé comme un objet d’histoire. »
En partant d’un fait divers (l’enlèvement et le meurtre d’une jeune fille) l’auteur entend rétablir Laëtitia dans son existence et non pas se focaliser sur sa mort. Ivan Jablonka fait plusieurs constats à partir de « L’affaire Laëtitia » sur l’état de notre société, des inégalités, des rapports hommes/femmes, de la famille, de la justice, de la jeunesse, d’un « petit coin » de France et du discours politique. Il effectue ce travail en historien autant qu’en écrivain. Il pose la question de la fascination pour le fait divers et de son traitement, et il analyse les passerelles entre littérature, Histoire et sciences sociales. Car qui veut bien prendre la peine de creuser et d’analyser avec méthode le « fait divers » doit s’en référer à plusieurs disciplines. Le fait divers met en lumière beaucoup de problèmes, certains fort éloignés de « l’affaire », comme la découverte de la pollution excessive d’un trou d’eau. Le portrait de la vie de Laëtitia est ici un fait social, l’histoire tragique d’une jeune femme. Une lecture indispensable aussi bien pour les amateurs de polar que d’essai, l’un n’étant souvent pas si éloigné de l’autre.
Emeric Cloche.
Ivan Jablonka, Laëtitia ou la fin des hommes, La Librairie du XXIe siècle, Seuil, 2016. 383 pages, 20 Euros.
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