Nous avions été séduits par l’adaptation du roman de Colin Niel, Seules les bêtes. Avec La nuit du 12, le réalisateur Dominik Moll s’empare d’un autre livre, Une année à la P.J. de Pauline Guéna.
Loin des films policiers sur la BAC ou des mises en scènes spectaculaires, La nuit du 12 agit comme un documentaire sans en être un, même si les spectatrices et les spectateurs sont prévenus que les événement relatés sont tirés d’un fait divers. La sobriété de la mise en scène domine et donne toute sa puissance au récit.
Le début du film annonce la couleur. Le crime sordide (une jeune fille brûlée vive) est suivi par un début d’enquête où l’on voit les policiers mallette à la main frapper à la porte du voisinage. Résoudre un meurtre a plus avoir avec la minutie que les rebondissements. Les policiers apparaissent en temps que groupe, lors de la scène du pot de départ du chef. Pas de héros grandiloquent. Deux personnalités se dégagent pourtant, le nouveau chef fan de vélo, Yohan ; et le vieux qui aurait préféré être prof de français, Marleau. À l’image de la scène de pot de départ qui est un poncif du genre, ils restent des archétypes (l’un obsédé par l’affaire, l’autre en conflit avec sa femme) sans que la réalisation n’en fasse trop.
Après les décors des Causses de Seules les bêtes, La nuit du 12 se déroule entre Grenoble et Saint-Jean-de-Maurienne, sur fond de montagne. Là aussi, sans aucun effet appuyé. Le drame se joue sur les visages, celui de la mère et du père de Clara, celui de sa meilleure amie en larmes, ou des hommes qui, un par un, sont interrogés. Il semble évident que Clara a été tuée parce qu’elle était une jeune femme seule, la nuit.
Le film montre un monde d’hommes enquêtant sur la mort d’une femme. L’un des flics en fera la remarque. Le sujet est là, il jaillit au cours des interrogatoires des amants de Clara, ou d’un repas entre collègues. L’histoire en fait la démonstration sans grand discours, sans morale assénée, à travers de simples situations. 20 % des crimes ne sont pas résolus, annonce le générique. La réalité dépasse souvent la fiction, dit-on. Et parfois, le cinéma montre l’ordinaire des choses, leur aspect frustrant, alors le spectateur ressort de la salle un peu KO avec une pensée pour Laëtitia ou la fin des hommes de Ivan Jablonka. À voir, absolument.
Caroline de Benedetti et Emeric Cloche
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