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Le diable dans la peau de Paul Howarth

Le diable dans la peau de Paul Howarth

Ne lisez pas la quatrième de couverture. Elle vous raconte les 100 premières pages et gâche une certaine surprise. Cet inconvénient mis à part, Le diable dans la peau est un très bon western de Paul Howarth.

La trame reste conventionnelle et raconte une histoire de vengeance dans un Nord de l’Australie aride. On sent la chaleur, la poussière et le cheval. Alors, pourquoi le livre fait son effet ? Pour l’alchimie réussie entre des personnages marquants et des situations émouvantes.

Billy et Tommy, 16 et 14 ans, vont brutalement grandir en cet été 1884. Le début du roman les montre dans le quotidien d’une famille d’éleveurs, avec leurs parents et leur jeune soeur Mary. Mais la violence surgit et marque leur passage à l’âge adulte. Entre la figure de Sullivan, riche propriétaire terrien sans scrupules, et Noone le chef de la police aborigène, la complicité des deux frères est mise à l’épreuve des décisions et des rêves. Le mensonge les entoure, et la clairvoyance de l’un ne sauve pas l’autre de l’avidité. Les voilà au coeur d’une lutte pour le pouvoir et le contrôle des terres, face au racisme et à la cruauté. Il n’y a guère que la jeune épouse Sullivan pour apporter un peu de poésie, et venger les femmes en quelques scènes jubilatoires.

Le diable dans la peau agit comme une invitation à l’empathie et à la découverte de l’autre. Il se fait hommage aux populations autochtones massacrées pour la grandeur de l’homme blanc, en Australie comme ailleurs. C’est un roman à sensations fortes et comme il se doit, il questionne notre sens moral.

Caroline de Benedetti

Paul Howarth, Le diable dans la peau, Folio policier, 2020, traduit de l’anglais par Héloïse Esquié, 8,50 euros