Ego strip et fin du monde
Rien de tel qu’un portrait de famille pour refléter le monde. Quoi de mieux qu’un dessinateur de BD pour incarner la difficulté à grandir ? Le personnage de ce roman rappellera à certains le Ray de la série Bored to Death. Ray s’appelle ici Christophe. Lui et sa soeur ont grandi avec une maman qui les a bercés d’un air de fin du monde, sur des paroles des témoins de Yahweh. Communiquer avec les siens, communiquer avec les autres ne va de soi pour personne. Il est plus facile d’avoir un chat qu’une copine, et de fantasmer sur une collègue enceinte que d’assumer de devenir père.
« Elle croyait que je m’étais oublié, alors que c’était tout l’inverse. J’avais bien mesuré mon absence d’envie. »
Dans ces relations avec l’autre il y a la famille. Elle génère rancœurs et rejets tenaces, mais aussi ses bons côtés qui nous apparaissent au fil du temps. Frédérick Houdaer montre ces quelques évidences, tendres et sensibles, avec son écriture bien à lui. Il les raconte avec un mélange de nostalgie, d’humour et quelques coups de griffe. Son Armaguédon est une intimité partagée.
Caroline de Benedetti
Frédérick Houdaer, Armaguédon Strip, Le Dilettante, 2018, 17 €, 220 p.