2008, l’année de l’interdiction de fumer dans les lieux publics en France, l’année où l’UMP prend une raclée aux élections municipales, l’année où commence le délire de l’affaire Tarnac… 2008, qui aurait parié sur le retour de Sylvester Stallone et Rambo ?
Et pourtant nous y sommes… et Rambo est arrivé au bout du processus, le personnage est devenu une machine de guerre. Il est plus lourd, plus volumineux et encore plus monolithique. Rambo IV est un sommet de violence qui s’inscrit dans le genre du film de guerre qui ne va pas vous donner envie de faire la guerre (si c’est le cas il va peut-être falloir songer à consulter un toubib). La violence des images d’archives de massacres se superposent à celles du film. On pourrait parler de gore, mais le côté outrancier du gore souvent teinté d’humour n’a pas sa place ici. Non, il s’agit juste de l’horreur d’une blessure, d’un membre tranché, d’un trou béant que fait une balle de fusil ou de mitrailleuse.
Le schéma du film reste le même : Rambo a fait son trou quelque part, on vient le chercher pour un boulot (en Birmanie où les rebelles karens sont en guerre contre le gouvernement depuis 1949). Il ne veut pas y aller et puis… il faut bien aller libérer les prisonniers. Les thématique sous-jacentes (la religion par exemple) sont traitées en deux phrases.
« Les crises les plus intéressantes sont les crises humaines. Ce n’est jamais ennuyeux, c’est du Shakespeare. Vous n’avez pas besoin de gadgets. Je voulais revenir à ce truc primal, juste l’homme contre l’homme, et l’intolérance des uns envers les autres. » (1)
À l’image de cette scène terrible où Rambo prend en main la mitrailleuse de l’ennemi et fait exactement la même chose que lui : il mitraille en tuant tout ce qui se présente devant lui ; le film fait ressentir la violence de la guerre. À ce moment là John Rambo est arrivé au bout du processus, il n’est plus qu’une machine à tuer. Au milieu de la jungle dans la moiteur, il est la guerre. Et à la différence de nombreux films où le spectateur se réjouit de voir les méchants massacré par le héros, ici, on ressent un malaise. L’écrivain David Morell, qui a donné naissance au personnage, y voit d’ailleurs sa meilleur incarnation : « Je trouve que le film retranscrit parfaitement le personnage tel que je l’ai toujours imaginé : un homme en colère, au bout du rouleau, rempli de dégoût pour lui-même. Rambo déteste ce qu’il est, et en même temps, comprend que la seule chose qu’il sait bien faire, c’est tuer. »
Le meilleur Rambo depuis le premier.
(1) Stallone et David Morell cités dans Mad Movies Hors Série Classic, Rambo du premier sang au dernier sang.
Emeric Cloche.
Sylvester Stallone, John Rambo, 2008
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