« Bertrand Dumont et Odile, comme prévu, m’attendent au café, sur la place qui baigne dans une quiétude de bon aloi comme on lit dans les bouquins de même tonneau. »
Mais il ne fait pas bon être un étranger dans le Sud-Est de la France. Juifs, Arabes ou Parisiens ne sont pas les bienvenus. Entre syndicat poujadiste, chasseurs, antisémitisme et parti politique nationaliste, tout le monde pourra reconnaître les protagonistes et les lieux de cette histoire.
Si la mise en place des personnages, des gentils et des méchants, est trop évidente et caricaturale dans la première partie du livre, la noirceur et la méchanceté du scénario rattrapent cela et placent Lâchez les chiens ! dans la catégorie des romans noirs ruraux méchants écrits avec un style concis et rapide qui colle bien au genre. On pourra penser à un mélange entre Jean-Patrick Manchette et Didier Daeninckx. Un court chapitre particulièrement réussi (la vie et la mort d’un personnage racontés en quelques pages) font de ce roman un livre à lire. En le refermant on ne peut s’empêcher de penser que certaines personnes que l’on croise dans la vie sont de véritables caricatures, Maud Tabachnik en a croquées quelques-unes dans son roman.
Notez au passage que les éditions de Borée ont entrepris la réédition de plusieurs ouvrages de Maud Tabachnick.
Emeric Cloche.
Maud Tabachnik, Lâchez les chiens !, Flammarion, 1998 puis éditions de Borée Polar, 2019, 155 pages, 6,50 €