« J’étais pas là, j’ai rien vu. Banks et moi, on était près du bassin, à faire les cons avec ce chariot de Sainsbury’s qu’on avait trouvé sur le terrain communal. »
Peut-être est-ce la forme narrative de Rupture qui attire d’abord l’attention : des chapitres courts, à la première personne, chaque protagoniste raconte ce qu’il faisait au moment de la tuerie. Ces parties sont entrecoupées avec le récit d’une jeune flic. Lucia est chargée de l’enquête sur l’enseignant qui a abattu 3 élèves et un collègue avant de se suicider.
Les protagonistes se dévoilent petit à petit, et leur point de vue peint des nuances à une situation de départ forcément choquante. Qui est le bourreau, qui est la victime ? Ce cheminement vers une forme de vérité produit un gros effet sur le lecteur. La seule petite erreur de l’auteur est d’ajouter du pathos en créant un lien superflu entre la situation de ce professeur, et celle de la flic. Un défaut vite oublié au regard d’une qualité : le roman ne creuse pas son sillon dans une tendance actuelle qui brandit le « Mal » et la violence en se piquant de l’expliquer de façon douteuse. Rupture parle simplement d’humiliation et d’abandon.
Caroline de Benedetti
Simon Lelic, Rupture, folio policier, 2012, traduit de l’anglais par Christophe Mercier, 368 p., 7,90
Chronique précédement parue dans L’Indic n°16, Novembre 2013