Voici le deuxième roman de Valentine Imhof, qui a séduit de nombreux lecteurs avec Par les rafales. Dans Zippo, histoire d’amour incandescente, des thèmes propres à l’autrice commencent à se dessiner. La présence du corps (tatoué dans son premier roman, brûlé dans celui-ci), une folie latente, le drame poussé au maximum.
Malheureusement, je reste hermétique à son style, et comme dans Par les rafales il m’est impossible de croire à cette histoire et aux caractéristiques des personnages. Difficile d’en dire plus sans dévoiler certains mécanismes. Le parcours de Mia, la flic, me paraît invraisemblable, et la cadence des meurtres servir à l’intrigue plus qu’à une cohérence. Les rapports humains et les sensations dégagent une grande brutalité et froideur. « Jouir de l’intensité pure du moment » est au programme et ce plaisir tend vers l’obscur car Mia, Eva et Ted sont marqués par la souffrance. Le tueur a vécu un accident qui l’a traumatisé, et sa folie est martelée de chapitre en chapitre, autant qu’il frappe le fer pour sculpter les visages de ses amis morts. L’intégralité des personnages incarne l’auto-destruction. Entre leurs obsessions et leurs traumatismes, aucune issue ne semble possible. Résoudre l’enquête sur ces femmes assassinées n’arrangera rien pour personne. L’histoire d’amour ne mène nulle part. Sympathie et empathie n’existent pas.
Zippo nous montre qu’une femme peut être aussi tordue qu’un homme et renverse en cela certains archétypes. Reste que j’ai souvent envie de dire « et alors ? », tout en me souvenant que les premiers romans d’Antoine Chainas, avec lequel une parenté littéraire peut se faire, m’ont fait exactement le même effet.
Caroline de Benedetti
Valentine Imhof, Zippo, Le Rouergue, 2019, 272 pages, 20 euros