C’est l’histoire de deux jeunes filles qui traversent ensemble l’adolescence et l’âge adulte. Sept mensonges d’Elizabeth Kay étant un polar tendance suspense, la mort s’invite dans le récit.
La voix de Jane raconte leur amitié naissante. Au collège, elle croise le chemin de Marnie. Ces deux-là s’adopte mutuellement, la sombre Jane sans doute sauvée du rôle de vilain petit canard par la lumineuse Marnie. Jane semble toujours mal dans sa peau, quand Marnie suit un chemin de succès (blogueuse culinaire… premier couac). Jane vit un bref bonheur, et Marnie s’épanouit.
Ainsi de suite. Jane susurre à l’oreille du lecteur une jeunesse ordinaire, qui très vite annonce le drame et les mensonges. Ils sont organisés sous la forme (artificielle) d’onglets découpés dans la tranche du livre. Esthétique de cahier de textes pour appâter le lecteur ? Cela n’empêche en tout cas pas de percevoir les éléments abracadabrantesques de ce suspense psychologique qui échoue même à surprendre.
L’histoire n’est vue que par le récit de Jane. Elle se révèle être une narratrice peu sympathique, ce dont il serait possible de s’extraire si sa partialité ne servait pas la manipulation de l’histoire. Qu’elle soit paranoïaque, ou simplement jalouse, ou obsédée, ou un peu de tout ça, l’enjeu importe peu. Sa confession suscite plus d’agacement que de malaise. Deuxième couac : Jane s’adresse à un « tu » mystérieux, que l’on sent encore une fois là pour titiller la curiosité du lecteur de façon très artificielle.
L’histoire dégouline de sentiments centrés sur l’amour, l’amitié, le mariage, la famille. Le monde autour existe peu sauf pour servir de miroir aux deux héroïnes, par l’intermédiaire d’une journaliste de tabloïd elle-aussi caricaturale. L’autrice en rajoute dans le drame, superposant un crime à un autre. Le tout mène à un final assez outré, fait pour abasourdir le lecteur plus que pour garder une quelconque cohérence. Reste que le roman semble avoir trouvé son public, qui n’est probablement pas nous.
Un avis plus positif par ici. Et pour un thriller facile à lire et plus emballant allez voir du côté de James Lasdun, par exemple.
Caroline de Benedetti
Elizabeth Kay, Sept mensonges, Robert Laffont/La Bête Noire, 2020, traduit de l’anglais par Nicolas Ancion et Axelle Demoulin, 400 p., 21 euros