La fin du précédent film de Robert Eggers, The Witch, sorti en 2016 ressemblait à une chanson de black metal, Lighthouse (son deuxième opus) possède la tension, l’angoisse et l’oppression d’une chanson venue du froid. « Éprouvant » et intense » sont les mots qui viennent en tête à la sortie de la salle de cinéma.
Éprouvant comme Eraserhead de David Lynch
Le format carré et le noir et blanc rappellent les films des années 20, le choix de la bande-son (à base de sirène de phare) et de la lumière (Jarin Blaschke, le directeur de la photographie, était déjà là pour The Witch) participent – autant que le jeu d’acteur – à la sensation de huis-clos. Les plans fixes alternent avec des mouvements de caméra. La façon de filmer, loin des effets actuels, renforce l’impression de regarder des tableaux.
Willem Dafoe et Robert Pattinson
Nous sommes à la fin du XIXe siècle, deux gardiens de phare arrivent sur une île où ils vont rester seuls. La temporalité du film est incompréhensible. 4 semaines ? 6 semaines ? Impossible de savoir combien de temps le duo passe sur l’île. Tout les oppose : leur âge, leur façon de parler, de bouger et de penser. Ce sont deux anti-héros, deux crapules, pour lesquelles il est difficile d’éprouver de l’empathie. Mais le jeu d’acteur est envoûtant.
Un film fantastique
William Hope Hogdson, Edgar Allan Poe, Herman Melville, Howard Phillips Lovecraft pourront venir à l’esprit. Fatalité, mythologie et folklore se mélangent tout au long du film avec un humour noir et désespéré. La narration peut paraître étrange, touffue et déséquilibrée, elle est en fait implacable comme on le mesure une fois que l’histoire se termine. Louise Ford, la monteuse, travaillait aussi sur The Witch. Robert Eggers signe un deuxième film fantastique pour une expérience intense de cinéma à part.
Emeric Cloche
Robert Eggers, The Lighthouse, 1h49, 2019.
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