Troisième opus de la série consacré à Konrad, La pierre du remords d’Arnaldur Indridason est un classique du genre. On retrouve les marottes de l’auteur. Comme dans La cité des jarres l’histoire traite du viol, de ses conséquences et des ordures qui commettent ce genre de crime.
Depuis le Chevalier Dupin (Edgar Allan Poe), le personnage récurrent est un des codes roman policier. Depuis l’inspecteur Lecoq (Émile Gaboriau), Sherlock Holmes (Conan Doyle) et Miss Marple (Agatha Christie) le héros récurrent n’a eu de cesse dévoluer. Si on ne savait que peu de choses de Miss Marple ou des états d’âme d’Arsène Lupin (Maurice Leblanc), tous les détails de la vie privée des enquêteurs nous sont désormais familiers. Un bon tiers des histoires de Wallander (Henning Mankell) concernent la vie privée de son héros.
Arnaldur Indridason pousse l’introspection encore plus loin. L’enquête menée par Konrad (un policier à le retraite déjà croisé dans deux autres ouvrages) se mêle à celle sur la mort de son père. Cette recherche au long cours sur le passé du héros sera sûrement un arc narratif qui accompagnera la série des Konrad.
Konrad, à l’image d’une floppée de personnages du roman policier contemporain, est un être mélancolique et rempli de remords. Comme le Maigret de Simenon, il sert de liant pour parler du monde tout en cherchant à raccommoder les destinées ; ou tout au moins à apaiser les victimes par delà le tombeau. Parce qu’à la différence de Maigret, Konrad arrive trop tard.
Emeric Cloche
Arnaldur Indridasson, La pierre du remords, traduit de l’islandais par Éric Boury pour Métailié Noir, 2021. 345 pages, 21,50 Euros.