Certains livres sortent du lot grâce à leur écriture. Je suis la bête de Andrea Donaera entre dans cette catégorie.
« Et Mimi pense qu’il va les tuer tous. Tous, s’ils ne partent pas, s’ils ne partent pas d’ici, s’ils ne le laissent pas seul, dans ce salon, Mimi va faire un carnage, il va les tuer tous. »
L’être humain est capable de sauvagerie. On rapproche souvent cette part en lui de l’animalité. Comme pour mettre à distance, comme s’il était impossible de concevoir que l’atroce fait partie de nous. Le thème n’est pas nouveau. Entre fauves, Aux animaux la guerre, Aucune bête aussi féroce… Les titres de ces romans suggèrent la proximité homme-animal. Un célèbre penseur le disait ainsi : « l’homme est un loup pour l’homme, bébé ». Ah, non, ça c’est Dirty Dancing. Et si Je suis la bête de Andrea Donaera est présenté comme un roman sur la mafia, elle sert surtout de support à la violence.
L’écriture, donc. Elle s’enroule autour du lecteur, elle irrite un peu, puis elle l’absorbe. Elle raconte Mimi, mais aussi sa fille Arianna, l’innocente Nicole et le jeune Veli. C’est le drame d’un amour adolescent, et celui des femmes cantonnées à leur place. Andrea Donaera met en scène les passions humaines dans un double huis clos tendu et prenant. Dans l’appartement familial, la vérité se cache, et dans celui où le jeune Veri retient Nicole, la solution se trouve. Car la prison est aussi psychologique. La culpabilité, la violence et la révolte se mélangent dans l’esprit de chacun. Qu’en ressortira-t-il ? En voulant venger la mort de son fils, Mimi suit le chemin de sa propre responsabilité. Tout mafieux qu’il est. La monstruosité apparaît et l’auteur lui règle son compte. Parfois, un semblant de justice semble possible. Uniquement dans la littérature ?
Caroline de Benedetti
Andrea Donaera, Je suis la bête, traduit de l’italien par Lise Caillat, Cambourakis, 20 euros, 207 p.
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