Mare Shehaan (Kate Winslet) est policière dans la petite bourgade de Easttown (Pennsylvanie). Brisée par un drame personnel, elle enquête sur la disparition d’une adolescente. Démons intérieurs, secrets, portrait social d’une Amérique brisée : avec Mare of Easttown HBO propose encore une fois un polar réussi.
Après un premier épisode appliqué et scolaire proposant un catalogue de ce qu’il faut faire pour appâter l’amatrice et l’amateur de polar, la série se développe de manière plus surprenante tout en restant dans les classiques du genre.
Tout le monde se connait à Easttown, et dans ce microcosme qui semble coupé du reste du monde chacun essaye de s’en sortir. La série décrit la classe moyenne chère à Stephen King et à de nombreux auteurs de polar. La vie des protagonistes se dévoile au fil des épisodes, parce que dans cette petite ville tout le monde a quelque chose à cacher. Enfants et adolescents y tiennent un rôle prépondérant, la famille restant un modèle américain, ici mis à mal.
Si la pauvreté et la misère chères au roman noir américain sont là, on ne connaît pas le passé d’Easttown. Quelles usines ont fermé ? Pourquoi les gens sont pauvres ? On sent bien que l’on a affaire à une population de « déclassés ».
Plus que le social, c’est le côté psychologique qui est mis en avant. La vie privée des personnages se mêle à l’enquête. Kate Winslet est magistrale en femme flic, accompagnée par Colin Zabel (Evan Peters). On y découvre sa famille et ses amis, et la plupart des scènes, même les plus mélodramatiques et classiques, ont le parfum de l’authenticité. Malgré de petites longueurs et répétitions, Mare of Easttown est une série addictive et intéressante.
Emeric Cloche
Mare of Easttown (2021), une série de Brad Ingelsby en 7 épisodes de 55 minutes environ produite pour HBO.