Depuis Skeud, reflet de ses passions musicales, Dominique Forma a écrit sur le cinéma hollywoodien, les gangsters, l’amour à trois, les années 70 et les idéaux, le road trip… Contraintes par corps met en scène un escroc dans une campagne moribonde. C’est tendre et délirant.
Dans le hameau de Marnier on ne trouve guère qu’un étang, un menhir, des vieilles pierres et la nature. Y vivent quelques autochtones et des parisiens en villégiature. Alex Alphatt, « une masse de muscles et d’assurance », débarque là pour acheter des terres. Mais pourquoi ? Ambitieux, l’homme mène une opération de séduction qui vire à la secte, en même temps que les morts tombent. Pendant ce temps, Julien et Andrée renouent une histoire d’amour houleuse entamée en 1976 dans les couloirs de Libération.
Dominique Forma s’y entend en descriptions qui mettent à nu les sentiments. De livre en livre, il observe le vieillissement des corps et des idées. Avec un mélange d’impertinence et d’humour, il pousse les situations au maximum. Le hameau de Marnier se transforme vite en champ de bataille. C’est plutôt invraisemblable et l’intrigue importe peu. Tout le plaisir de la lecture tient dans cette ambiance digne d’un Harry Crews. Avec toute l’émotion à observer un monde qui s’éteint.
Caroline de Benedetti
Dominique Forma, Contraintes par corps, Konfident noir, 2022, 234 p., 18 euros.
