« Lorsque vous ouvrez les yeux, vous ne savez plus qui vous êtes ni d’où vous venez. »
Sur une terre dévastée, un homme handicapé – Josef Horkaï – se voit confier une mission : récupérer un objet inconnu dans un lieu inconnu en traversant une zone contaminée. Oui… cela fait beaucoup d’inconnu, et c’est un des ressorts du livre. La lectrice et le lecteur n’en savent pas plus que Josef Horkaï et découvriront le monde en même temps que lui.
Immobilité de Brian Evenson évoque pêle-mêle une bande dessinée des années 70 avec Richard Corben aux pinceaux, La Route de Cormac McCarthy et un Mad Max sans essence. Au moment on se dit qu’on a déjà croisé ce genre de propos, Brian Evenson aborde des questions biologiques et théologiques et rend son monde original. Il nous emmène dans son univers avec un style précis, sans fioriture ni effets trop voyants. Immobilité est un court roman oppressant, tout en tension. L’univers se dessine en creux et en ellipses, se cachant dans un détail, dans ce qui n’est pas dit comme dans les dialogues.
Ce deuxième opus de la collection Imaginaire de Rivages, débutée avec L’île de Silicium de Chen Qiufan, nous laisse maintenant dans l’attente de la troisième livraison. Immobilité rejoint la liste des romans post-apocalyptiques de qualité.
Emeric Cloche
Brian Evenson, Immobilité, traduit de l’anglais (USA) par Jonathan Baillehache, Rivages/Imaginaire, 2023, 270 pages, 22 Euros.