Certains romans font partie des classiques de la science-fiction. Pour peu que vous vous intéressiez au genre, il est recommandé de les lire. La stratégie Ender de Orson Scott Card figurait sur ma liste.
On dit aussi « littératures de l’imaginaire ». L’imaginaire a-t-il un genre littéraire ? En tout cas, l’imagination de Card vous saisit en un rien de temps. Andrew Wiggin, 6 ans, Troisième de sa fratrie (dans un monde qui ne tolère que deux enfants), semble choisi pour une grande mission. Depuis ses trois ans, un « moniteur » sur sa nuque enregistre sa vie pour rendre compte de son comportement. Son frère Peter a tout du psychopate, alors que sa soeur Valentine le protège. Mais Andrew, dit Ender (le dernier, celui qui finit), est envoyé à l’Ecole de Guerre. L’humanité lutte contre les doryphores. Une première guerre a déjà fait des millions de morts. Désormais, la vie du garçon s’articule autour de son entraînement, et des jalousies au sein de l’école. Ender s’endurcit, sans jamais se départir de sa sensibilité.
Orson Scott Card consacre de nombreuses pages à l’éducation militaire d’Ender. Les équipes s’affrontent sous différents noms : les Salamandres, les Manticores, l’armée du Rat, les Flammes… On se croirait presque chez Harry Potter. Sauf que les exercices se font dans une salle de vaisseau soumise à l’apesanteur. L’auteur décrit les combats en détail. Si ce genre de scène vous rebute, passez votre chemin, mais vous manquerez quelque chose. Le livre ne se résume pas à l’édification d’un héros et à une lutte à remporter. Derrière la préparation de cette Flotte de guerre se cache une réflexion sur la volonté d’extermination des peuples. Tout comme Ender face à son destin, l’Humanité doit faire des choix.
– Donc toute cette guerre est due au fait que nous ne pouvons pas communiquer.
– Si un type ne peut pas te raconter son histoire, tu n’auras jamais la certitude qu’il ne cherche pas à te tuer.
Card développe ce roman à la suite d’une de ses nouvelles parue en 1977. Il sort en 1985, à la fin de la guerre froide. Le contexte se sent dans cette opposition entre le Pacte de Varsovie d’un côté, et la Ligue de l’autre. L’auteur épate en imaginant des choses très actuelles : les réseaux s’enflamment sous les publications de deux pseudos, Locke et Démosthène. Les enfants travaillent sur des « bureaux », en fait des ordinateurs portables. Quant à la scène où Ender arrive face à la montagne en compagnie de Abram… faut-il décrypter l’image ? Action, émotion, humour et intelligence : La stratégie Ender n’est pas un classique pour rien.
Caroline de Benedetti
Orson Scott Card, La stratégie Ender, Nouveaux Millénaires, 2012, traduit par Sébastien Guillot