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Douces morts violentes de Ruth Rendell

Douces morts violentes de Ruth Rendell

Il était une fois en face d’une cathédrale, une grande et vieille maison habitée par un père veuf et ses deux filles. La maison est hantée par quelques fantômes, dont celui d’un chat. Mais le problème n’est pas là, enfin pas tout à fait. Non. La narratrice dont nous lisons le journal aime peut-être un peu trop son père. Elle est légèrement égocentrique, elle a de la suite dans les idées et quand celui-ci décide de se remarier avec une très jeune fille, les choses s’enveniment.

Les deux sœurs, Elvira et Despina, portent les noms d’héroïne de Cosi Fan Tutte de Mozart et apprennent le grec et le latin. Elles lisent Antigone ou Médée avec leur père. Elvira, la plus grande, lit Edgar Allan Poe pour se détendre, Despina (la petite) est avide de romans historiques. Les deux sœurs ne vivent pas leurs relations familiales de la même manière. Crise d’adolescence trop poussée, peur de mourir de la même maladie que la mère (on devine un cancer…) et obsession pour la pureté – celle de l’âme et celle du corps – vont emmener Elvira au seuil de la mort. Le monde qu’elle décrit est-il vraiment le monde dans lequel elle vit ? Toutes ces tragédies… et si un soupçon de folie…

Douces morts violentes de Ruth Rendell est une novella d’ambiance gothique teintée d’épouvante, qui rappelle clairement d’où vient une partie du roman policier. C’est un de ces ouvrages que Ruth Rendell signe Barbara Vine, et que sa maison d’édition française, contre l’avis de l’autrice, range sous le patronyme de Rendell. Peu importe, après tout, c’est un régal et sachez que les Barbara Vine sont dans cette veine.

Emeric Cloche