Je dois à Serge Brussolo un de mes plus forts souvenirs littéraires. C’était à Cherbourg, sur la mezzanine d’un petit studio qui donnait Rue de l’Union, pas très loin du port. Une nuit de terreur en compagnie de La nuit du bombardier. Avant cela, déjà, Le château des poisons du même auteur avait très bien fonctionné sur moi… Depuis il m’arrive de piocher un Brussolo au hasard, comme on pioche un Pierre Pelot ou un Georges Simenon.
« En l’espace d’une seconde, je passerais du statut de belle-fille traumatisée à celui de dangereuse salope ». Les temps changent et le héros de Dortoir Interdit est – on ne va pas s’en plaindre – une héroïne… La demoiselle apparaît dans deux autres aventures (Ceux d’en bas et Le chat aux yeux jaunes). Le job de Mikie Katz est d’habiller des lieux sordides pour les rendre attractifs. Un milliardaire timbré lui donne pour mission de s’occuper d’un bunker géant. À peine quelques pages et nous voilà dans un polar dont l’ambiance flirte avec le fantastique.
Le style de Serge Brussolo est un style populaire avec ses clichés, ses poncifs, ses situations et ses personnages abracadabrants, le tout saupoudré de quelques métaphores osées. La narratrice s’excuse d’ailleurs dès les premières pages de ne pas être un écrivain… ce n’est pas grave Serge Brussolo, lui, en est un. Si le livre possède quelques longueurs et répétitions sur la fin, et que je n’ai pas été happé tout le long comme avec les deux titres cités plus haut, il n’en reste pas moins que Mikie Katz la jeune décoratrice d’intérieur recrutée par l’Agence 13 est un personnage attachant.
Emeric Cloche.