L’américaine Jax Miller a signé deux romans, Les Infâmes (2015) et Candyland (2017) traduits en France chez Ombres Noires. Elle revient en ce mois d’octobre 2020 avec Les lumières de l’aube, une enquête au long court sur une affaire qui commence en 1999 avec l’incendie d’un mobile home dans les vastes prairies de l’Oklahoma.
En lisant Les lumières de l’aube vous suivrez Jax Miller au plus près d’une enquête où jamais elle ne tombe dans le sensationnel et le voyeurisme. Des portraits se dessinent, ceux des victimes et de leurs proches, ceux des bourreaux, vous croiserez des drogués, des policiers particulièrement incompétents (ou corrompus), des paysages aussi, les prairies de l’Oklahoma comme une respiration au milieu des horreurs et d’une région dévastée par l’industrie minière, peuplée de fantômes.
C’est l’Amérique de la pauvreté et de la drogue, loin du rêve américain. Un pays pétri de peur et de violence. Vous poserez plusieurs fois le livre pour reprendre votre souffle et sortir de la noirceur.
Les faits rapportés par Jax Miller démontrent encore une fois que la réalité est souvent plus incroyable que la fiction. L’enquête tournant autour d’un fait divers est un genre à part entière, de nombreux livres en témoignent. Citons ceux d’André Gide (Ne jugez pas), Michel Foucault (Moi, Pierre Rivière), Truman Capote (De sang froid), Norman Mailer (Le chant du bourreau), Emmanuel Carrère (L’Adversaire), Jean Giono (Notes sur l’affaire Dominici), Didier Decoin (Est-ce ainsi que les femmes meurent ?), Yvan Jablonka (Laëtitia)… Le fait divers a, en quelque sorte, ses lettres de noblesse et Jax Miller apporte sa pierre à l’édifice.
Allez savoir ce que l’on cherche dans la lecture des faits divers ? Catharsis, frisson, voyeurisme, compréhension de l’autre, vie par procuration, se préparer au pire, sûrement un peu de tout cela… Quoique vous soyez venu chercher sachez que la noirceur et la misère qui hantent ces pages risquent de vous coller à la peau pendant quelque temps.
Emeric Cloche
Jax Miller, Les lumières de l’aube, traduit de l’anglais (USA) par Claire-Marie Clévy, Plon 2020, 375 p., 22 Euros.